Sarah Kaminsky presents “My father the forger” at TEDxPARIS 2010.

Sarah Kaminsky: My father the forger

“Et en fait, sans le savoir, mon père venait d’inventer… j’ai nommé: l’effaceur.”

“Dès son arrivée au laboratoire, bien qu’il était le plus jeune, il a tout de suite vu qu’il y avait un problème en termes de fabrication de faux papiers. En fait tous les mouvements se contentaient de falsifier … les demandes étaient de plus en plus nombreuses c’était difficile de bricoler des papiers existants. Il s’est dit qu’il fallait fabriquer. Il a lancé l’imprimerie. Il a lancé la photogravure. Il s’est mis à reproduire des tampons. Il s’est mis à inventer toutes sortes de choses - avec du matériel il a inventé une centrifugeuse avec une roue de vélo… il fallait qu’il le fasse parce qu’il était absolument obnubilé par le rendement. Il avait fait un calcul simple: en une heure, il fabriquait 30 faux papiers. S’il dormait une heure, 30 personnes mourraient. Si bien que, ce sentiment de responsabilité de la vie des autres alors qu’il n’avait que 17 ans - et aussi sa culpabilité d’être un survivant, puisqu’il était sorti du camp quand ses amis étaient restés - il l’a gardé toute sa vie.”

“[Il] a toujours refusé d’être payé … qu’être payé pour lui ça voulait dire être mercenaire. Parce que s’il acceptait d’être payé, il ne pourrait plus dire “oui” ou “non” selon si la cause lui semblait juste ou pas… [I]l a fait des faux papiers pour permettre aux rescapés des camps [après la libération] d’émigrer vers la Palestine avant la création d’Israël. [I]l a fait des faux papiers pour les algériens pendant la guerre d’Algérie … [A]u sien des mouvements de résistance internationaux, son nom a circulé. Et le monde entier est venu frapper à sa porte. En Afrique, il y avait des pays qui luttaient pour leur indépendance. La Guinée, la Guinée-Bissau, l’Angola… puis mon père s’est lié avec le parti anti-apartheid de Nelson Mandela. Il faisait des faux papiers pour les sud-africains noirs persécutés. Il y avait aussi l’Amérique latine… [Il] venu en aidé aux résistants aux dictatures, de l’ile Saint-Dominicaine, d’Haïti… du Brésil, de l’Argentine, du Vénézuela, du Salvador, du Nicaragua, de la Colombie, le Pérou, l’Uruguay, le Chili, et le Mexique. Et puis c’était aussi la guerre du Vietnam… [Il] a fait des faux papiers pour les déserteurs américains qui ne souhaitaient pas porter les armes contre les vietnamiens. [Il a également] faisait les faux papiers pour les dissidents de Franco en Espagne… Salazar au Portugal… contre la dictature des colonels en Grèce. Et même en France… une seule fis, ça s’est passé en mai 68… [I]l accepté de faire de faux papiers pour [Daniel Cohn-Bendi] pour lui permettre de revenir [au France] prendre la parole a un meeting. [Il a accepté de la faire] parce que c’était quand même une belle occasion de faire un pied de nez aux autorités, et de leur montrer qu’il n’y a rien de plus poreux qu’une frontières et que les idées, elles, n’en ont pas.”

(translation from French to English)

“And actually, without knowing it, my father had invented… the so-called ‘correction pen’.”

“As soon as he got to the lab, even though he was the youngest, he immediately saw that there was a problem with the making of forged documents. All the movements stopped at falsifying…demand was ever-growing and it was difficult to tamper with existing documents. He told himself it was necessary to make them from scratch. He started a press. He started photoengraving. He started making rubber stamps. He started inventing all kinds of things - with some materials he invented a centrifuge using a bicycle wheel…he had to do all this because he was completely obsessed with output. He had made a simple calculation: in one hour he could make 30 forged documents. If he slept one hour, 30 people would die. This sense of responsibility for other people’s lives when he was just 17 - and also his guilt for being a survivor, since he had escaped the camp when his friends had not - staying with him all his life.”

“He always refused to be paid…being paid would have meant being a mercenary. If he had accepted payment, he wouldn’t be able to say ‘yes’ or ‘no’ depending on what he deemed a just or unjust cause… [H]e made false papers to allow the survivors of concentration camps, [after the liberation], to emigrate to Palestine before the creation of Israel. [H]e made false papers for Algerians during the Algerian war… [A]t the heart of the international resistance movements, his name circulated and the whole world came knocking at his door. In Africa there were countries fighting for their independence: Guinea, Guinea-Bissau, Angola…then my father connected with Nelson Mandela’s anti-apartheid party. He made false papers for persecuted black South Africans. There was also Latin American…[he] helped those who resisted dictatorships in the Dominican Republic, Haiti…Brazil, Argentine, Venezuela, El Salvador, Nicaragua, Colombia, Peru, Uruguay, Chile and Mexico. Then there was the Vietnam War…[he] made false papers for the American deserters who did not wish to take up arms against the Vietnamese. [He also] made false papers for the dissidents against Franco in Spain, Salazar in Portugal, against the colonels’ dictatorship in Greece and even in France…just once, it happened in May of 1968… [H]e agreed to make false papers for [Daniel Cohn-Bendit] to enable him to come back [to France] and speak at a meeting. [He agreed] just because it was a good opportunity to mock the authorities, and to show them that there’s nothing more porous than borders - and that ideas have no borders.”

A wonderful story which Adolfo may have never told if not for his inquisitive daughter Sarah. There are stories we are never told, stories we never hear, stories we never listen to - pay attention and the world (or simply the stranger next to you) may have a story worth retelling.